Apprendre, pour quoi faire ? À quoi doit servir un apprentissage ? Le cercle des innovateurs de la cellule d’innovation de HEP EDUCATION est convaincu que la finalité de l’apprentissage est de donner à chaque individu la capacité d’agir et d’entreprendre – individuellement ou collectivement – et de trouver sa place dans la société. Pour y parvenir, l’apprentissage doit accompagner chacun dans la découverte de son ikigai* et permettre de trouver une harmonie globale entre soi-même, les autres et son environnement. Cet apprentissage s’envisage tout au long de la vie.

Un changement du champ des connaissances

Les humains ont une soif naturelle d’apprentissage qui se manifeste dès la naissance. C’est assez évident pendant l’enfance mais cela demeure vrai toute la vie. Dans son livre Drive, Daniel Pink donne une clé de lecture intéressante. Il y aurait trois grands facteurs de motivation des êtres humains quelle que soit leur culture : l’autonomie, la maîtrise et le sens. « La maîtrise » est ce besoin intrinsèque de développer de nouvelles compétences, de se sentir capable de plus, de mieux. Cela s’exprime dans tous les domaines : professionnel ou personnel, cela peut être de maîtriser une nouvelle langue, une nouvelle technique, de nouvelles recettes, un instrument de musique… Aujourd’hui, il y a un grand nombre d’êtres humains qui disposent de temps peu contraint. Je crois qu’on apprend à cultiver son bonheur. Selon moi, l’éducation doit permettre à chacun de trouver une place au monde : être souverain, c’est-à-dire conscient de ses propres désirs, tout en étant porteur du collectif. L’éducation me paraît être la seule modalité qui puisse pacifier le monde entre les humains, avec les autres êtres vivants, avec la nature en général.

Que doit-on apprendre pour le monde d’aujourd’hui ?

Cette transition passe par un changement du champ des connaissances. Il faut passer d’une logique de cumul de savoirs à la capacité à avoir une vision globale, savoir chercher l’information et comprendre les imbrications. Il me paraît à ce titre fondamental de proposer quelques enseignements clés de systémique et de compréhension de la complexité. Certaines écoles proposent déjà ce type d’enseignement comme le lycée Edgar-Morin à Bordeaux ou celles présentées par Svenia Busson dans le cadre de la cellule d’innovation ouverte de HEP EDUCATION.
Le monde est « VUCA » : volatil, incertain, complexe et ambigu, il requiert une éducation adaptée qui renonce aux paradigmes du XXe siècle : ceux du contrôle et de la certitude. On ne peut pas contrôler le monde qui nous entoure. C’est la même chose pour la connaissance. Pour dépasser ces croyances limitantes, l’éducation peut être interdisciplinaire et expérientielle mais surtout centrée sur le désir d’apprendre évoqué plus haut. Cela permet de développer la curiosité et l’esprit critique. Cette approche éducative exigeante ne peut pas être conduite par une structure  centralisée qui définit des programmes nationaux uniformes. Je crois à un maillage d’écoles interdépendantes qui développent des approches locales, originales et diverses. Mon rêve c’est un système éducatif inspiré librement par les pensées d’Edgar Morin, d’Ivan Illich, de Noam Chomsky et de Spinoza. Pour une éducation à la complexité, conviviale, critique et source de vraie JOIE.

*IKIGAI : concept japonais – Ikigai (生き甲斐) signifie « raison d’être » ; « joie de vivre ».
Martin Serralta, prospectiviste des organisations à l’Institut des futurs souhaitables, membre de la cellule d’innovation ouverte de HEP EDUCATION
Illustration signée Camille Gabert

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