Directeur du département de Neurosciences à l’Institut Pasteur et membre de l’Académie Européenne des Sciences, le professeur Pierre-Marie Lledo est un spécialiste de la dynamique cérébrale à travers le prisme du développement personnel et de l’éducation. Pour son intervention au sein de la cellule d’innovation ouverte de HEP EDUCATION, il brosse le profil idéal de ce qu’il nomme « l’enseignant neuro-amical ».

L’enseignant neuro-amical existe, le neurobiologiste Pierre-Marie Lledo en dresse même le portrait : Il s’agit d’un enseignant qui trouve le ton juste pour motiver les élèves, émerveille, surprend, encourage, félicite, fait confiance… « A partir de bases scientifiques, il est possible de définir le profil idéal du tuteur. L’enseignant neuro-amical n’entraîne pas seulement les autres à acquérir de nouvelles compétences, mais il transforme les gens pour qu’ils agissent ensuite. L’épanouissement est la finalité de la formation et le monde de l’éducation doit apporter des clés pour que chacun puisse d’épanouir », affirme-t-il, plaçant l’altérité au cœur de l’apprentissage : « Le cerveau humain est un hub qui cherche en permanence à nous connecter aux autres. C’est une chambre d’écho de l’autre, ce qui veut dire que nous apprenons par les autres. Bien sûr, il est possible d’apprendre tout seul en e-leaning face à un écran, mais l’on apprendra mieux si l’on est avec ses pairs.» Pour ce spécialiste des neurosciences, le cerveau est également l’organe du changement : « Il n’y a pas de cerveau paresseux, mais il faut apporter les conditions pour qu’il continue à se développer. Le cerveau est un couteau suisse et les compétences que l’on peut acquérir sont infinies »

Et, si le cerveau se nourrit du changement, l’expansion du digital est « LA » principale source de changement de notre époque selon Pierre-Marie Lledo. Ce qui amène un questionnement : Quelle place avons-nous en temps qu’humain à côté de l’intelligence artificielle ? « L’Intelligence artificielle est devenue une béquille pour l’humanité. On parle généralement d’hémisphère droit et d’hémisphère gauche du cerveau, mais nous devrions parler d’un troisième hémisphère, celui de l’intelligence artificielle, qui se matérialise par notre ordinateur ou notre smartphone. Cela veut dire que l’humanité a décidé d’externaliser certaines fonctions cognitives dès les années 50 et les première recherches sur l’IA. Nous avons donc besoin de comprendre la singularité de l’humain, pour définir les tâches que l’on ne peut pas déléguer ». Le scientifique fait notamment référence aux émotions et aux processus affectifs, qui affirment la singularité de l’Humain vis-à-vis de la machine. « Et ce sont justement ces émotions qui sont le moteur de l’éducation, poursuit-il. L’ennui et l’absence d’émotions sont les freins les plus puissants en matière d’apprentissage. L’éducateur est celui qui doit produire une étincelle affective, ce dont n’est pas capable un processus automatique. »

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